Eliana Como
Eliana Como, syndicaliste et transféministe, fait partie de l'Assemblée Générale nationale de la CGIL et de la FIOM ù Rome. Elle est porte-parole du courant alternatif interne à la CGIL, Le radici del sindacato (Les racines du syndicat). Elle est titulaire d'un doctorat en sociologie économique. Avant de devenir syndicaliste, elle a travaillé comme chercheuse sur des thématiques liées à l'organisation du travail. Elle étudie également l'histoire de l'art et gère sur les réseaux sociaux @chegenerediarte, une page dédiée aux femmes peintres.

L'interview
De quoi vous occupez-vous au sein de la CGIL et quels sont les principaux thèmes sur lesquels vous vous concentrez actuellement ?
J'appartiens à la Fiom, qui représente la catégorie des métallurgistes, et je suis la porte-parole nationale de l'aire de minorité interne appelée "Les racines du syndicat". Selon les statuts de la CGIL, il est possible, lors du Congrès (qui a lieu tous les quatre ans), d’avoir des positions divergentes. Mon aire défend une position plus radicale et conflictuelle par rapport à celle de la majorité, représentée par le secrétaire général Landini. Actuellement, je travaille sur les enjeux liés à l'intelligence artificielle et à son impact sur les conditions de travail, non seulement dans le secteur métallurgique, mais aussi dans l’ensemble des secteurs.
Qu’est-ce qu’un syndicat confédéral et comment est-il organisé ?
Un syndicat confédéral signifie qu’il représente l’ensemble du monde du travail, englobant toutes les fédérations, appelées syndicats de catégorie, qui représentent chacune un secteur spécifique. Il y a 12 catégories, comme par exemple le secteur métallurgique, le secteur public, le secteur chimico-pharmaceutique, le secteur des transports, etc.
Il existe également une autre catégorie, la plus importante, appelée SPI, qui représente les retraités et les retraitées. Tous les travailleurs et travailleuses inscrits à la CGIL peuvent continuer à y adhérer après leur retraite, indépendamment de la catégorie dans laquelle ils étaient actifs.
Être confédéral signifie donc ne pas avoir une vision exclusivement liée à un secteur ou à une profession spécifique, comme c’est souvent le cas dans d’autres pays européens. Cela implique une structure où les différentes catégories convergent et se réfèrent à la CGIL.
Quels sont les liens organisationnels et les initiatives communes de discussion et de mobilisation entre la CGIL, d’autres syndicats au niveau franco-italien et au sein de l’UE, notamment face à des situations multinationales comme celle de Stellantis ?
Je pense que c’est l'une des grandes urgences actuelles pour l’Italie et pour son système productif. Nous avons déjà commencé une mobilisation : le 18 octobre, il y a eu une grève des travailleurs et des travailleuses des secteurs de l’automobile, du caoutchouc, du plastique et du verre.
Suite à l’annonce de la fermeture d’usines par Volkswagen et à la problématique des voitures électriques, cette crise s’est amplifiée dans toute l’Europe. Il est important de souligner qu’en Italie, nous faisons face à une difficulté encore plus grande, préexistante, en raison du désinvestissement de Stellantis dans la production de voitures électriques en Italie, qui a toujours été réalisée dans des usines étrangères.
Pour toute la CGIL, et en particulier pour la Fiom, il s'agit d'une priorité non seulement pour préserver les emplois, mais aussi pour protéger l’ensemble du système productif italien, qui dépend largement de l’industrie automobile. Cette situation croise également un autre enjeu, peut-être encore plus important : celui de la crise climatique.
En Italie, le gouvernement semble considérer que le problème est lié aux voitures électriques et propose un retour en arrière. Je pense que la position européenne sur les voitures électriques a été profondément myope, mais je suis également convaincue qu’un retour au moteur thermique n’est pas une solution. À la Fiom, nous défendons un nouveau modèle de production qui respecte à la fois l’environnement et l’emploi.
Fait à Cesena, le 19 décembre 2024